Je ne te connaîtrai jamais adulte
Bonjour Emilie, ma Emilie d’amour. Si tu savais comme il m’a été difficile d’écrire ne serait-ce que le titre de ce post. Et comme toi, à cet instant, j’ai une larme qui coule aussi sur ma joue gauche. On n’est pas père et fille pour rien mon amour. Sauf que moi, je suis encore ici, encore là, un peu tout seul, face à mon écran. A la fois tout seul, mais aussi avec Choue qui prend tellement soin de moi depuis que tu es partie, Lucas, Josh, Haylie et Mamie qui s’accroche elle aussi comme elle le peut.
Je ne sais pas si tu te rappelles Emilie, le jour où William, ta mère, Choue, toi et moi avons eu rendez-vous avec une ribambelle de médecins à l’hôpital pour savoir si nous devions ou non t’amputer de ta jambe gauche. Quand j’ai bien eu conscience de la teneur de la conversation en cours, et constatant de ton inquiétude grandissante, j’ai changé de place autour de cette grande tablée, pour me positionner à tes côtés, te tenir la main sans jamais plus te la lâcher. A mon tour, j’ai pris la parole, la voix tremblante, tellement envahi par l’émotion de ce que les médecins envisageaient pour toi, leur indiquant, en parlant en notre nom à tous, que tant que nous n’avions pas tout tenté, cette solution était inenvisageable. Je me rappelle même leur avoir dit, pour illustrer mes propos, que je voulais qu’un jour, comme une jeune fille qui vit son insouciante vie, tu m’appelles depuis La Grange, au petit matin, me demandant de venir te chercher. Et bien, JAMAIS mon amour je n’aurai le bonheur de venir te chercher à la sortie de cette discothèque ou d’une autre.
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Jamais non plus je ne te connaîtrai adulte. Ton visage est resté figé à tes 13 ans. Si tu savais Emilie, comme ca va être dur de ne pas te voir “vieillir”. Nous n’aurons plus jamais de conversation, on ne croisera plus jamais nos regards, même plus la possibilité de t’embrasser en te souhaitant une bonne nuit. Choue et moi ne pourrons pas te consoler, te prendre dans nos bras, quand tu auras un chagrin d’amour, on n’assistera pas à ton mariage, tu ne nous feras pas de beaux petits enfants, tu ne deviendras pas l’artiste que tu envisageais être…. tout s’est arrêté à tes 13 années. Quelle tragédie ! Comme toi, ma vie s’est arrêtée à tes 13 ans. Chaque jour est un manquement mon amour. Sans toi, chaque jour, et je pèse mes mots, est une nouvelle épreuve à affronter. Un sacré vide que tu as créé car Dieu sait que tu en prenais de la place dans notre quotidien.
Je t’aime Emilie de ma vie, de mon coeur, de la Terre à la Lune multiplié par la physique quantique…
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